Engagée dans une pratique d’atelier de manière intimiste, Claire Mayet aborde le
détournement d’objets et de situations afin de créer des scénographies et des
sculptures absurdes, poétiques et burlesques. À l’aide de matériaux variés, de
techniques de bricolage, voire de hobby, ou de moyens beaucoup plus pointus, elle
manipule le quotidien avec un sens de l’amusement spontané. Fascinée par les
outils, les gestes et les savoir-faire, elle a développé une sorte de
« savoir-faire soi-même » qu'elle aime appeler « auto-création ».
AVENIR, installation dans les vitrine de la Milkshake Agency, 24 Rue Montbrillant, 1201 Genève. Polyester ignifugé, céramique, émail, bois, mosaïques, mousse extrudée, peinture faux marbre, perruques. Du 5.11.21 au 28.03.22
À travers l’usage de mosaïques, de perruques ou de rideaux, en s’appropriant des techniques de mise en oeuvre ou en créant mes propres techniques d’imitation, AVENIR est une mise en scène des liens étranges ou décalés entre matériaux de protection et structure à protéger.
Le sujet du revêtement est intimement lié au domaine de la construction mais il est également au centre de la pratique de la céramique à travers, notamment, l’application d’émaux apportant solidité et protection à l’argile cuite poreuse. L’émail est un mélange de matières premières d’origines minérales, parfois végétales, que l’on trouve sous forme de poudres et qui sont cuites entre 980° et 1260°. Coulures, craquelures, bulles, iridescences…, les effets aléatoires et surprenants créés par leur fusion sont picturaux.
Les images produites par une recherche d’émaux réalisée pour l’occasion ont été utilisées pour la réalisation de rideaux isolant l’installation en vitrine du reste des espaces de la Milkshake. Le passage de la matière émail, appelée aussi «couverte» dans le jargon professionnel, à la matière textile (du polyester ignifugé), devient un jeu autour de la déclinaison de la fonction de revêtement. Il n’y a qu’un pas, entre la couverte et la couverture, pour que la fonction de l’un tisse des liens étroits avec la fonction de l’autre, transformant un matériau dur et imperméable en matière souple non inflammable et occultante.
Plusieurs sculptures accompagnent ces rideaux. MON INTERÊT POUR LA MAÇONNERIE SE TRADUIT AINSI s’approprie et détourne une technique de maçonnerie utilisée pour la mise en forme de mur à l’aide de galets. En imitant l’esthétique induite par les galets devenant apparents, grâce à une solution personnelle faite d’argile et d’oxydes, le revêtement devient superficiel et décoratif. Il permet, en étant apposé sur une forme absurde et inutile, de créer un langage sculptural déroutant. Deux autres pièces, APRÈS LE PARASOL À FRANGES ET L'ŒUF AU PLAT, LE CHOUCHOU EST L'OBJET EN VOGUE et MERCI MOLLY GREENE, sont en rapport avec un autre type de revêtement, cette fois-ci corporel, les cheveux. Figés dans la céramique, intégrés sous forme de perruque dans la pierre, ou supposés contenus dans une réplique de chouchou agrandi et durci, ils ajoutent au vocabulaire du revêtement une part de surréalisme, transformant le familier en étrangeté.
Crédit photo : Baptiste Coulon
SURVIVALISME ARTISTIQUE #1, exposition, bois, céramique, tissus, parasol, plumes, bougie, Garage, Kugler, mai 2020
Pensée comme un acte de survivalisme artistique, cette exposition, réalisée lors du premier confinement, questionne la «distanciation sociale obligatoire» et son impact sur les artistes. Par l’acte d’organiser sa propre exposition sans que personne ne puisse la voir, la question de créer sans partage, amène à déconstruire et à déplacer le rôle si important du regardeur dans l’art contemporain. Invisible en présentiel, les images produites par cette exposition ont finalement été utilisée pour la publication «Baz’art, 11ème édition, 2020», substitution du festival d’art du même nom, ayant traditionnellement lieu en juin à Genève, annulé en raison du Covid-19.
Crédit photo : Baptiste Coulon
MARTINE, Lac d'Aï, Festival Ailyos, Leysin (VD), bois, béton, mosaïques, juillet à octobre 2020.
Pierre précieuse, objet sacré, météorite tombée du ciel ? Parée de mosaïques iridescentes, cette pierre incongrue nous transporte dans les trésors minéralogiques de notre sous-sol comme dans les mondes lointains de l’espace. Si MARTINE est aussi un hommage à une femme minéralogiste, réhabilitée du passé (Martine de Bertereau, 1590-1642), cette pierre est déposée sur les hauteurs de Leysin dans un geste de lithothérapie du territoire. La pierre devient un symbole poétique apportant bien-être et énergie positive à la nature environnante.
Crédit photo: Claire Mayet
REPRODUCTION, NUTRITION, CROISSANCE, installation murale, céramique modelée et émaillée, 2018.
-Galerie Officine Saffi, ceramic awards Open to Art, 2019
-Get a Nerve, Art Genève, Villa Sarasin, 2019
-Deviant Art Festival (Daf), La Reliure, Genève, 2018
La reproduction, la nutrition et la croissance sont les trois étapes essentielles de l’existence humaine. Représentées ici de façon absurde en détournant des aliments aux symboles évidents, cette installation murale en céramique reprend les codes graphiques typique du papier peint et s’adapte au contexte d’exposition.
Avec le soutien de la république et du canton de Genève.
Crédit photo: Baptiste Coulon
BLOB, sable rose et yeux en céramique, 2018.
Crédit photo: Baptiste Coulon
... ON THE BEACH, Installation éphémère in situ. Bois, béton, peinture, chaises longues. H 500 cm, Ø 600 cm. Jardin botanique alpin de Meryin, 2018.
Tout en couleurs et dégradés, le biotope alpin du jardin est transposé en une plage de rêve. Sable multicolore et palmiers synthétiques, l’installation crée un univers très «Miami beach», s’inspirant de l’esthétique des cocktails. Un décalage rafraîchissant en forme de clin d’œil au réchauffement climatique, un détournement qui donne naissance à une scénographie poétique et burlesque dans laquelle le public est invité à se prélasser.
Avec le soutien du fonds d'art contemporain de Meyrin.
Crédit photo: Baptiste Coulon et Claire Mayet
STRIP TEASE, caddie, terre crue, tissus. H 88cm x l 40 cm x p 38cm, 2019.
Crédit photo: Baptiste Coulon
MANIFESTATION VERTE, Installation artistique statique et participative. 3000 plantes vertes de tailles diverses, pancartes et banderoles. L 50m x l 3m. Rue de la Faucille, Genève, 2 juin 2018.
Verdir la ville? Végétaliser les rues?
Une action collective sous forme de manif’ de plantes vertes contribuant à valoriser la présence du végétal en ville. Les habitants du qartiers sont amenés à descendre leur plantes vertes dans la rue. Un atelier de création de banderoles est à disposition tout au long de l’événement.
Avec le soutien de Pré-en-bulle (www.preenbulle.ch) ,des habitants du quartier, du SEVE (Ville de Genève) et des pépinières genevoise Boccard SA.
Crédit photo: Claire Mayet
LA PIERRE QUI CHAUFFE, céramique et émail, 2018.
Crédit photo: Baptiste Coulon
LUCIE, performance. Tissu marbré, (distribution d’) œil en céramique. Festival d’Idées à But Non Lucratif, Gare Cornavin, Genève, 2017.
POUR UNE PROPRETÉ EN PROFONDEUR, aspirateur, mosaïques, joints, 2017.
Expérimentation d’après la loi du revêtement d’Adolf Loos (1934): «Le travail sera exécuté de manière à ce que toute confusion devienne impossible entre le matériau revêtu et le revêtement employé».
Crédit photo: Baptiste Coulon
PINATAS, scénographie et performance. Invasion de papier crépon. Biennale des Arts des Libellules (BAL), Vernier, 2017.
Crédit photo: Coline Davaud
MESURE DE PROTECTION, cactus, boules quies. Jardin botanique, Genève, 2017.
Crédit photo: Claire Mayet
DIY, fête en kit, performance-installation évolutive. Machine à fumée, sono, boule disco, canons à confettis, accessoires de fête divers et variés, boissons, cocktails, pop corn, chips, disques vinyls, ... Cave 12, Genève, 2017.
Crédit photo: Renaud Marchand
LE FEU, machine à fumée, arduino, bûches en céramique, émail raku. LiveInYourHead, "les archives du feu", 2016.
Le feu, étape essentielle dans la mise en forme de l’argile et objet de contemplation est ré-interprété par l’association d’une technique moderne de trucage avec une technique d’émaillage ancestrale appelée raku qui consiste à plonger l’objet sortant du four en fusion aux alentours de 800° dans un bac hermétique contenant des copeaux de bois.
Crédit photo: Baptiste Coulon
PALMIER, grès noir, terre sigillée, papiers journaux. H 140 cm. Kunst(Zeug)Haus Museum, "Fantasy Island", Rapperswill-Jona, 2016.
L’argile utilisée par les céramistes est très souvent conditionnée sous forme de pain de terre d’un volume rectangulaire et emballée dans du plastique pour la maintenir humide. La manipulation de ces pains de terre est une constante liée à ce savoir-faire. En les empilant sans retoucher leur texture et leur forme à la sortie du sac, la stabilité de l’ensemble est précaire. Se situant entre la cale de table de bistro et les voeux du mur des lamentations, des bouts de papier pliés et insérés dans les interstices entre les pains apportent une stabilité temporaire à l’assemblage. Il prend alors des allures abstraites de palmier. Les pains de terre sont recouverts de terre sigillé permettant, par la simplicité du traitement, de ne pas perdre les détails de leur texture tout en gardant à la terre cuite un aspect cru. Il y a ici une mise en parallèle entre la gestion de la technique céramique et sa négation.
Avec le soutien de la république et du canton de Genève.
Crédit photo: Baptiste Coulon
TUNING, Caisse à outils, cône de signalisation, peinture imitation marbre. 2016.
Crédit photo: Baptiste Coulon
MANDALA, divers outils d’atelier. Cartographie d’un savoir-faire. Ø 350 cm, 2015.
Crédit photo: Baptiste Coulon
GROSSE MERDE EN CERAMIQUE, grès et émail, H:40 cm, Ø:20 cm, 2015.
Crédit photo: Baptiste Coulon
137, céramique émaillée, plâtre. Fonderie Kügler, exposition collective Pantone K2013, Genève, 2014.
Cette sculpture a pour vocation d’être une seule et même pièce tout en regroupant une partie des différents travaux antérieurs de Claire Mayet. 137 pièces créées entre 2009 et 2013 composent cette pyramide. Les travaux les plus anciens constituent la base de cet entassement, tandis que les pièces les plus récentes trônent au sommet de l’œuvre. Cette décision d’empiler chronologiquement ses travaux n’a pas pour premier but de présenter une rétrospective d’un pan de son travail de céramiste, mais propose plutôt de tisser des liens entre chaque pièce. La blancheur des différentes pièces facilite une ramification entre elles et en renforce l’unité. Cette œuvre peut être appréhendée comme un mandala tridimensionnel, chacune des pièces qui la constitue contenant sa propre signification. La fragilité de la matière utilisée se joue de la dureté des sujets représentés : ossements, rats, pigeons et chiens mutants parasités. Cet entassement annonce une désacralisation de la matière céramique. L’amoncellement d’objets est généralement l’apanage d’éléments sans valeurs ou insignifiants. Claire Mayet va à l’encontre de cette idée en entassant à même le sol des pièces de céramique fragiles. Il se dégage alors une force troublante pour le spectateur vis-à-vis de ce fatras lugubre.
Texte de Xavier Bauer
Crédit photo: Claire Mayet
MERET, Tasse et sous tasse en céramique, poils de jambes, Ø 13cm x 8 cm, collection de l’artiste, 2013.
Objet sélectionné à la XXIIIème Biennale Internationale de Céramique de
Vallauris – Création contemporaine et céramique.
La pièce Meret est une référence directe à l’œuvre de l’artiste suisse Meret Oppenheim. En 1936, Meret Oppenheim crée le déjeuner en fourrure, une tasse, une soucoupe et une petite cuillère recouvertes de fourrure ; cette œuvre devient l’emblème du surréalisme.
Claire Mayet a choisi de remplacer la fourrure d’origine par les poils de ses jambes. Comme son illustre aînée, l’artiste joue sur la notion de transformation de l’objet : l’objet usuel, quotidien reste reconnaissable et identifiable mais devient inutilisable. Le nouvel objet génère attirance et répulsion à travers une œuvre étrange et provocante. Au delà de la simple référence, l’utilisation de poils de jambes permet de créer de nouvelles associations et de multiplier les interprétations.
SOMMEIL DANS UN NID DE FLAMME, installation en scotch transparent, 10 pièces, 3mx4mx3m, Le Commun, Bâtiment d’art contemporain, Genève, 2013.
Projet réalisé autour d’ « une saison en enfer »
d’Arthur Rimbaud sur invitation de la compagnie Folle de parole et Isabelle Chladek.
http://raoutartistique.tumblr.com/
Crédit photo: Claire Mayet
LE CIMETIÈRE DES INNOCENTS, 140 crânes, 20 fémurs, 10 tibias, faïence, peinture sous émail, crayon ceram, émail
Festival Baz’art, Genève, 2010.
Le propos de ce travail, sorte de vanité contemporaine, est de se questionner sur la valeur et le sens de l’art et de la contre-culture dans une société ou tout est marchandise, empreinte à une survalorisation matérielle et à la production de masse. Les crânes, installés de manière à recréer une catacombe, imposent une certaine forme de sacré et amènent le spectateur à la réflexion. Une cinquantaine de crânes ont été tatoué par Malik Ramallo en hommage à la contre culture d’ici et d’ailleurs.
Crédit photo: Julien Gregorio
Et encore...
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